Mettons tout de suite les choses au clair : si vous voulez que je vous vende du rêve, ne lisez pas cette rubrique. Ici, je vous dis la vérité, ma vérité. Ici, je vous dévoile ma réalité. Et ma réalité n’est pas toujours rose. Elle est faite de hauts et de bas. De succès et d’échecs. Il y a des joies, il y a des bosses, voilà la vraie vie d’un jeune boss.
Dans ce premier épisode, je reviens quelques années en arrière, à l’époque où je croyais que l’argent de mon entreprise m’appartenait. Jusqu’au jour où…
J’ai toujours voulu créer ma société. Très jeune déjà, j’avais cette fibre entrepreneuriale.
Même quand j’étais employé, je considérais qu’un salarié à un poste de responsabilité devait se comporter comme un chef d’entreprise, c’est-à-dire prendre des initiatives, assumer ses décisions. Mais quand on est salarié, on n’a pas toujours la marge de manœuvre pour fixer le cap et tenir la barre.
C’est pourquoi mon but ultime a toujours été de monter ma boîte, d’être mon propre patron.
J’ai créé 2A avec cette idée : je veux bosser pour moi-même. Je veux être libre de faire ce que je veux.
Enfin, me voilà directeur général. C’est mon entreprise, je prends mes propres décisions en termes de stratégie, d’organisation, de ressources humaines...
Et puisque c’est mon entreprise, c’est aussi mon argent. Je n’ai de comptes à rendre à personne. C’est ma boîte après tout !
Je faisais donc ce que je voulais sur le plan financier. Au début, je n’avais pas vraiment de salaire. Alors quand j’avais besoin d’argent, je me servais. J’allais voir ma comptabilité et je leur demandais : « Tu as payé les charges ? Ok, il reste combien ? Bon, donne-moi tel montant. » Et le comptable donnait.
Jusqu’au jour où tout a basculé…
J’avais besoin d’argent. Je voulais prendre un « petit quelque chose » pour « gérer un truc ». J’entre à la compta et je m’entends répondre : « Non, Monsieur, ce n’est pas possible ».
Le choc !
Je ne comprenais pas : il y avait pourtant un peu d’argent dans la caisse de l’entreprise. Pourquoi ce refus ?!
« Désolé DG, mais cela ne va pas être possible… »
C’est que j’avais oublié un petit détail : mon interlocuteur avait changé.
En effet, 2A commençait à se structurer pour mieux se développer et je venais de recruter un directeur financier.
Vous voyez la différence ? Un comptable fait les comptes. Un directeur financier dirige. C’est lui qui valide –ou pas- l’utilisation des fonds de l’entreprise. Et en l’occurrence, il ne validait pas ! J’aurais pu faire un forcing -c’est moi le boss !- mais j’ai voulu l’entendre.
Il m’expliqua calmement que ma demande n’était pas conforme à la procédure. Il me précisa aussi que ce genre de décaissements sans justificatif relevait accessoirement de l’abus de bien sociaux. « Monsieur, c’est vrai, c’est votre entreprise mais on peut vous poursuivre... »
Deuxième choc.
Le soir-même, une fois rentré chez moi, je me suis surpris à réaliser que je ne pouvais plus me servir. Que cet argent n’était pas mon argent mais l’argent de ma société. Et que je n’avais plus libre décision sur son utilisation.
Je me suis rendu compte que le développement de mon entreprise m’avait conduit à instaurer des règles, des règles que je devais moi-même respecter. J’avais mis en place des procédures…et je me retrouvais pris au piège de ces procédures !
J’ai pris conscience que 2A avait changé et que je devais changer moi aussi.
A partir de là, j’ai redimensionné tout mon système. Je me suis organisé sur mon salaire. Comme tout le monde. Moi, le fondateur, le directeur général, j’ai compris que j’étais d’abord le salarié de mon entreprise.
Désormais, j’attends le bilan de fin d’année. S’il est positif, si mon entreprise génère du bénéfice, alors je pourrai en profiter. Pour le moment, je travaille avec l’aide de mon équipe à ce que l’activité soit rentable.
Cela peut paraître « évident ». Et pourtant.
Beaucoup de jeunes entrepreneurs commettent la même erreur que moi. C’est une erreur fatale, une dérive qui les mène souvent à la faillite. Comme moi à l’époque, ils pensent : « J’ai créé mon entreprise donc je peux prendre dans la caisse quand je veux. Dès que j’ai un contrat, je me sers. » Ça ne marche pas comme ça. En tout cas pas bien longtemps.
J’ai appris que quels que soient le type et la taille de son business, il faut commencer par se structurer, se fixer des procédures et les respecter.
J’ai appris à être patient aussi. J’ai compris la différence fondamentale entre l’immédiateté -de mes premiers gains- et la pérennité -de mon business.
Enfin, j’ai appris la confiance, celle que je dois accorder à mes conseillers financiers. Même s’ils ne vont pas toujours dans le sens de mes intérêts personnels.
Merci à ma direction financière et à mon équipe comptabilité : Christophe, Barbara, Ange et Jean-Bernard sans oublier Lucien, mon conseiller des débuts.
Alors oui, c’est vrai, je suis le boss, je ne travaille pas pour quelqu’un.
Mais je ne travaille pas pour moi-même non plus.
Je travaille pour mon entreprise.
A très bientôt pour un prochain partage.